Festival de littérature à Ascona
Le Monte Verità à Ascona accueille penseurs et auteurs à un événement aux multiples facettes, entre littérature, réflexions sur le passé et le présent et plaisir des lieux. L’édition de mars 2018 est consacrée à la thématique « Utopie de la Nature » :
Conférences mondiales sur le climat, ouragans qui dévastent les îles des Caraïbes, tremblements de terre, scénarios de fin du monde, mouvements romantiques en quête d’une vie meilleure, écologie, protection des animaux, la liste est longue. Comme aspiration, refuge, mystère ou danger, comme droit et responsabilité, la nature est souvent au centre de nos pensées, de nos attentions, de nos peurs et de nos joies dans les conversations comme dans l’arène publique. Mais n’est-elle pas elle-même une utopie ? La nature en soi a-t-elle jamais existé ? Par « nature » n’entendons-nous pas plutôt « ce que nous en faisons », « comment nous l’observons », la réflexion philosophique ou éthique à son sujet ? Elfriede Jelinek, prix Nobel de littérature a écrit non sans ironie : « La nature est belle… dans les parcs ».
Pourtant nombreux sont ceux qui considèrent que la nature sauvage existe encore, dans des lieux préservés qui n’ont jamais connu l’intervention,les aménagements ou les ravages de l’homme : des voyageurs qui partent pour le pôle, traversent l’Arctique à pied ou escaladent les montagnes les plus hautes du monde à la recherche du silence parfait, de la tranquillité, d’une solitude sans bornes. L’exaltation de la nature cache une critique de la civilisation et du progrès. « Retour à la terre », « à chacun son potager » : ces slogans sont à la fois un héritage tardif du « flower power » des hipppies et des mots clé dans les mouvements écologiques, mais ils résonnent aussi avec les idées réformistes qui s’exprimèrent au Monte Verità il y a un siècle. La sixième édition d’Eventi letterari Monte Verità approfondira ces thèmes en donnant la parole à des auteurs, des scientifiques et des philosophes qui raconteront leurs expéditions, analyseront la part de nature présente dans les modèles sociaux de notre époque et, on le souhaite, réussiront peut-être à ré-enchanter notre monde qui en a bien besoin.