Nouvelle édition, nouvelle vision

08.02.2016 | Par Michel Gorin | A lire | Organisation | Normes pour bibliothèques scolaires| Outils de travail

La dernière parution des Normes pour bibliothèques scolaires de la CLP porte la mention « 3e édition revue et augmentée 2014 », afin de montrer la volonté de la CLP de faire de cette publication un instrument de travail et un argumentaire à jour, ambitieux et orientés vers l’avenir.

Par Michel Gorin
Michel Gorin (diplôme de l’ancienne Ecole de bibliothécaires de Genève et diplôme de formateur d’adultes de l’Université de Genève) travaille depuis plus de 25 ans dans le domaine de la formation des professionnels ID, à Genève. Depuis 1998, il fait partie de l’équipe de professeurs permanents du Département Information documentaire de la Haute Ecole de gestion, qui délivre, entre autres, un Bachelor et un Master en information documentaire. Il est aussi vice-président de la CLP et de son Groupe romand, ainsi que président du Groupe de travail Ethique professionnelle de Bibliothèque Information Suisse.
La préface de ces Normes met en évidence le fait que cette 3e édition est une première pour la CLP et il est important d’insister sur le caractère exceptionnel de cette parution. En effet, c’est la première publication de la CLP qui ne voit pas le jour grâce au travail de milice, cher aux associations professionnelles, mais dont on connaît malheureusement les limites…
 
Trois premières !
La Commission des normes de la CLP souhaitait rééditer ce document en voie d’obsolescence, mais notre Comité central fit clairement le constat de l’impossibilité de mener cette réflexion, avec tout le sérieux et le professionnalisme nécessaires, dans le cadre du travail de milice. C’est ainsi qu’il s’adressa à la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP), dans le but d’obtenir un financement pour assurer la mise à jour de ces normes. Audacieux, le Comité central ?!  Non, puisqu’en diffusant des normes pour les bibliothèques scolaires, la CLP proposait jusqu’alors gratuitement un service à forte valeur ajoutée aux cantons, seuls responsables des écoles et de leurs bibliothèques : une véritable incongruité !  Faisant sien cet argument, la CDIP a préconisé aux cantons de financer cette publication, moyennant 2 centimes par habitant, et la majorité d’entre eux a suivi cette recommandation.
 
C’est ainsi que cette 3e édition des Normes pour bibliothèques scolaires a été rendue possible par un financement extérieur, qui a permis d’engager et de rémunérer pour son travail une équipe constituée de trois personnes qualifiées (Susanne Galliker, Viktoria Kahl et la cheffe de projet Judith Manz). En conséquence de ce financement original, les normes ont été publiées uniquement en ligne, en allemand et en français, sur le site internet de la CLP et non plus sous forme imprimée : une seconde première pour la CLP, à laquelle il convient d’en ajouter une troisième : la gratuité de cette publication pour tous, puisque financée par les cantons !
 
Dix principes fondateurs
Voici les principes (§1.1 des Normes) qui servent de base aux Normes, dont chaque élément représente une partie de leur mise en œuvre concrète :

  1. La bibliothèque constitue une partie essentielle de l’école […].
  2. Chaque école garantit à ses élèves l’accès gratuit à une bibliothèque […].
  3. La bibliothèque scolaire est un prestataire de services aussi bien pour les élèves que pour le corps enseignant, que ce soit pour s’informer, pour apprendre ou pour profiter de la lecture plaisir.
  4. La bibliothèque scolaire définit […] ses missions et ses objectifs et les consigne par écrit dans un concept global.
  5. […] la bibliothèque scolaire met gratuitement à disposition livres, ressources électroniques et autres documents, afin d’encourager l’autonomie des élèves et d’améliorer leurs compétences informationnelles.
  6. En plus de places de travail et de documents, la bibliothèque scolaire met à disposition une infrastructure adéquate […]
  7. La bibliothèque scolaire se trouve au centre de l’établissement scolaire.
  8. La bibliothèque scolaire est gérée par un/une bibliothécaire qualifié/e, disposant de connaissances et de compétences pédagogiques et didactiques.
  9. Le canton définit les bases légales, octroie un soutien financier et offre une aide spécialisée.
  10. En collaboration avec les cantons, les organisations professionnelles encouragent et favorisent la formation initiale et la formation continue des bibliothécaires en milieu scolaire. Elles recommandent une gestion homogène des bibliothèques, que ce soit pour leur aménagement ou pour leur fonctionnement, par application des présentes normes.
 
Un contenu résolument orienté vers l’avenir
Il ressort avant tout de ces nouvelles Normes le fait qu’aujourd’hui, la bibliothèque scolaire n’est plus seulement un endroit dans lequel sont conservés et mis à disposition des documents, mais aussi - et surtout - un lieu proactif en matière de développement des capacités de lecture et des compétences informationnelles des élèves. C’est ainsi que le ou la bibliothécaire scolaire ne doit pas se contenter de gérer un lieu - aussi bien équipé soit-il - et une collection – aussi fournie, diversifiée et pertinente soit-elle : « en plus d’être des professionnels de la gestion bibliothéconomique, les bibliothécaires en milieu scolaire sont aussi des formateurs, des experts en recherche documentaire, des spécialistes de l’information, des organisateurs, des conseillers, des médiateurs culturels, etc. » (§ 5.1 des Normes).
 
Des bibliothécaires scolaires compétent-e-s et dynamiques
Les §7 (« Transmission de compétences ») et §8 (« Relations publiques et coopération ») symbolisent à eux seuls les changements que la 3e édition des Normes pour bibliothèques scolaires de la CLP a l’ambition de susciter et d’accompagner, dans toutes les bibliothèques scolaires de notre pays.
 
Les tâches multiples et variées à effectuer dans une telle bibliothèque, afin d’atteindre des objectifs qui sont réellement ambitieux, font qu‘un personnel bien formé est indispensable. Cela signifie qu’un bibliothécaire scolaire doit être « au bénéfice d’une formation reconnue en bibliothéconomie et de bonnes compétences pédagogico-didactiques », la formation mentionnée représentant « un prérequis, en particulier à partir du secondaire inférieur » (§ 5.4 des Normes).
 
Chaque canton, chaque directeur d’école est libre de définir quelles sont les formations en bibliothéconomie qui entrent dans la catégorie des formations « reconnues » : cette formulation, très (trop ?) large, est le résultat d’un compromis entre des positions et des situations existantes difficilement conciliables, un compromis bien helvétique… Quels que soient les choix effectués ici et là, il faut que l’esprit de ces Normes soit respecté : aujourd’hui et, plus encore, demain, la bibliothèque scolaire doit constituer « une partie essentielle de l’école et [être] ancrée dans la communauté scolaire et dans sa culture » (§1.1 des Normes, principe 1), ce qui nécessite des moyens matériels mais aussi en termes de personnel qualifié.
 
Tendre au respect de ces Normes pour bibliothèques scolaires est un défi pour les différents acteurs du domaine scolaire, en particulier dans la conjoncture économique actuelle. Le développement des compétences informationnelles de notre jeunesse représente, quant à lui, un enjeu majeur dans notre société de l’information, malade d’infobésité : il s’agit d’un défi que des bibliothèques scolaires bien équipées peuvent contribuer à relever !  A bon entendeur…
 
Michel Gorin
 

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