Les bibliothèques et les medias sociaux

06.03.2013 | Par Ariane Rezzonico | Relations publiques | Communication| Social Media| Web 2.0

Le web 2.0 est apparu dans le paysage des bibliothèques en 2005 et a modifié de manière très significative les activités des bibliothécaires dans leurs interactions avec leurs usagers.

Par Ariane Rezzonico
Titulaire du Cesid (Université de Genève), chargée d’enseignement à la Haute Ecole de Gestion, Ariane Rezzonico enseigne dans les domaines de la recherche d’information, de la veille et des services innovants pour les bibliothèques. Elle dispense de nombreux cours de formation continue dans des bibliothèques de lecture publique ou académiques et coordonne des projets de mise en place de nouveaux services.
Quelles que soient les manières de le décrire, « web contributif, participatif, social ou  2.0 », sous toutes ces appellations se concentrent des mêmes concepts, à savoir communiquer, partager, connecter, participer, échanger, commenter, etc. L’usager est devenu actif, les technologies permettant d’accéder à l’information se sont simplifiées, on a introduit le jeu pour se former et les données des catalogues se sont enrichies de tags (mots-clés ou des étiquettes que les usagers ajoutent) et de commentaires. Parmi les premiers outils que les bibliothèques se sont appropriées pour devenir des bibliothèques 2.0, on trouve les blogs et les wikis. D’autres outils ont ensuite été utilisés pour associer toujours plus les usagers aux activités et aux services des bibliothèques. Quels sont les outils les plus plébiscités en bibliothèques par les bibliothécaires et les usagers et plus particulièrement en lecture publique ?
 
Les premiers outils du web 2.0: les blogs et wikis
L’usage des blogs s’est très vite imposé en lecture publique et les bibliothécaires ont choisi ce moyen pour toute une série d’activités comme par exemple : recommander des lectures, présenter des évènements, promouvoir des services, partager des connaissances, informer sur l’actualité de la bibliothèque (dans le cas de travaux, de la construction d’un nouveau bâtiment), etc. L’avantage du blog réside dans la simplicité de création et de gestion. Toutefois, il faut être présent très régulièrement si l’on veut capter ses usagers et les garder sur son blog. Il faut également utiliser un ton amical afin de ne pas impressionner le lecteur et l’encourager à poster des commentaires. Une bibliothèque comprenant de nombreux services peut proposer plusieurs blogs en fonction de la spécificité de ses collections : musique, cinéma, jeux vidéo, etc. Les Bibliothèques municipales de Genève en proposent 5 (lien >).
 
L’élaboration d’un wiki sur un thème permet d’impliquer des usagers spécialisés et de les associer à l’enrichissement du contenu permettant de mieux connaître ce sujet. Des wikis sont parfois proposés pour proposer des sélections de liens sur un sujet mais la fonction du wiki collaboratif est un peu déviée du principe d’enrichissement des connaissances. Le portail WikiValais propose un bon exemple pour une bibliothèque cantonale ou communale souhaitant valoriser son patrimoine culturel. Le blog est géré par un bibliothécaire ou une équipe mais le wiki est le fruit de contributions hors de la bibliothèque, qui aura parfois du mal à contrôler en permanence ce qui est publié. Une charte doit permettre de tracer les modalités liées à la rédaction d’articles.
 
Le catalogue enrichi
Là encore, l’usager a la parole ! Il peut ajouter des tags aux notices pour personnaliser ses résultats, commenter un document, le conseiller et le partager sur ses propres réseaux, lire des critiques proposées par des usagers ou des bibliothécaires. Il peut également créer un fluxrss-feed.JPG RSS de sa recherche afin de s’abonner aux nouvelles références l’intéressant ou être dirigé vers un bibliothécaire en ligne  si sa recherche n’offre aucun résultat. Le bibliothécaire peut lui offrir des rebonds d’un document à un autre mais l’utilité première d’un catalogue réside dans l’accès aux ressources des bibliothèques avant toute chose et il est surtout important de faciliter cet accès par une indexation cohérente et une interface conviviale. On trouve de nombreux exemples de catalogues enrichis. Parmi ceux-ci la Bibliothèque de Nîmes offre la plupart des éléments présentés ci-dessus (lien >).
 
Le partage de documents multimédias
Flick’Icon-Flickr.JPGr permet de valoriser un fonds d’images, en le mettant à disposition de tous. En faisant appel aux usagers pour décrire le contenu d’une image grâce à leurs connaissances d’un lieu ou d’un thème, on facilite le repérage de ce document sur les plateformes. La vidéo sera utilisée pour filmer un événement, proposer un tutoriel pour se former à la recherche documentaire, etc. La mise à disposition des contenus sur ces plateformes de partage telles que Flick’r  ou YIcon-YouTube-fr.JPGou Tube permet de multiplier les point d’accès aux ressources numériques de la bibliothèque.
 
Facebook ou Twitter ?
Il est difficile de se passer de ces deux grands réseaux sociaux qui font partie intégrante des outils utilisés par le public. FacIcon-Facebook-1.JPGebook va permettre d’offrir une vitrine à la bibliothèque afin de promouvoir ses services, donner accès aux ressources, créer une communauté d’usagers, annoncer des évènements et proposer les podcasts de ceux-ci. Il faut être conscient du temps à disposition avant de se lancer. Inutile de créer une page institutionnelle si l’on n’est pas certain de l’alimenter régulièrement. Il ne faut pas non plus noyer l’usager sous trop de contenus, ce qui risque de l’éloigner de vos pages. Il est important de définir les sujets à traiter sur Facebook. Il est inutile d’avoir plein d’amis sur Facebook s’ils ne viennent jamais à la bibliothèque ou que vos collections ne sont pas valorisées.

TwIcon-Twitter.JPGitter permet en 140 caractères de rappeler un évènement, de prévenir les usagers de la fermeture exceptionnelle de la bibliothèque ou encore de publier une actualité sur un sujet. Trop souvent Twitter ne fait que reprendre automatiquement des textes publiés sur un blog ou une page Facebook. L’identité d’une page Facebook ou d’un compte Twitter doit être clairement définie dès la création (identité thématique, institutionnelle, etc.).
 
Les questions à se poser avant de créer le service
Il est essentiel que la bibliothèque s’adresse à tous les publics et mette en place des moyens de communiquer répondant aux attentes et aux pratiques de ceux-ci. Le mieux est de connaître leurs usages des médias et des réseaux sociaux (utilisent-ils Google+ ou Facebook ?). Il est important de se référer à des statistiques montrant l’évolution des comportements en fonction de l’âge ou des technologies. Seront-ils tous munis d’une tablette ou d’un smartphone ces prochaines années ? Il faut aussi rassurer sa hiérarchie en édictant une charte, car dès l’instant où l’usager devient co-créateur de contenu, il faut préciser les modalités d’utilisation de ces services. Montrer également que si l’on n’est pas présent sur un réseau social, d’autres risquent de s’approprier notre identité et créer une page (le club des lecteurs de la Bibliothèque…). Il vaut mieux démarrer sur un outil pouvant attirer le plus grand nombre et évaluer son usage. L’équipe de la bibliothèque doit être motivée et formée. Parmi les formations recommandées, on peut citer tous les cours proposés sur l’utilisation des réseaux sociaux, sur la manière de rédiger pour le web ou encore l’art de confectionner une vidéo. Ces formations sont souvent proposées dans le cadre des associations ou des écoles dont la Haute Ecole de Gestion à Genève. Enfin, la promotion de tout nouveau service est importante. Il faut proposer des liens depuis son site, créer un QR code (type de code-barres en deux dimensions) mais aussi diffuser des flyers, des marque-pages, des courriers, etc. Seule une promotion la plus large possible garantira le succès du service et sa visibilité.
 
Ariane Rezzonico
ariane.rezzonico@hesge.ch 
022 3881782
 
Ressources conseillées
  • Amar, Muriel; Mesguich, Véronique (dir.)
  • Bibliothèques 2.0 : à l'heure des médias sociaux. Nouvelle édition revue et augmentée. Paris : Éd. du Cercle de la librairie, 2012. 202 p. (Bibliothèques)
  • Bachisse, H. Le Web 2.0 dans les bibliothèques: vers un nouveau modèle de service. Documentation et Bibliothèques, 2011, Vol.57(1), pp.5-17
  • Quoniam, L., Zimbardo, P. Du web 2.0 au concept 2.0. Paris: Lavoisier, 2010
  • Pour trouver des exemples de bibliothèques 2.0 : http://www.netvibes.com/bibliotheques2_0#Bienvenue
 
 

Note globale: 0 (0 avis)