Questions et réponses sur l'engagement de l'Office fédéral de la culture

15.05.2022 | Par Markus Jost | Collections | Angebote für anderssprachige Personen| Bibliomedia| Bibliothek und Integration| Bibliothek und Migration| Interbiblio| Interkulturelle Bibliotheksarbeit

La guerre en Ukraine et l'afflux de réfugiés en Suisse placent les autorités devant de nouveaux défis et conduisent à des décisions - également dans le monde des bibliothèques - qui peuvent être remises en question. BiblioBE a interogé à ce sujet l'Office fédéral de la culture et Bibliomedia.

Pourquoi Bibliomedia est-elle la seule institution à recevoir de l'argent de l'Office fédéral de la culture (OFC) pour la constitution d'un fonds de livres en ukrainien ?
 
Stéphanie Schneider, responsable de secteur à l'OFC, répond que Bibliomedia est la seule organisation à avoir demandé des fonds supplémentaires à l'OFC. De plus, il existe depuis longtemps une très bonne collaboration entre l'OFC et Bibliomedia. Ainsi, la somme de CHF 140'000 a pu être allouée dans le cadre des conventions de prestations existantes entre l'OFC et Bibliomedia. Comme ce montant fait partie du crédit de promotion de la lecture de l'OFC, le Conseil fédéral n'a pas dû accorder de moyens supplémentaires. De plus, Bibliomedia est un partenaire fiable qui dessert les bibliothèques de toute la Suisse. L'OFC n'a pas la possibilité d'apporter un soutien financier direct à certaines bibliothèques.
 
Pourquoi, selon le communiqué de presse, l'OFC ne met à disposition des fonds que pour la constitution d'un fonds de livres en ukrainien, alors que différentes langues sont parlées en Ukraine, et notamment qu'une grande partie des russophones y est domicilié ?
 
Stéphanie Schneider explique que l'OFC a voulu donner un signe de bonne volonté pour soutenir les Ukrainiens réfugiés en Suisse, mais aussi en signe de solidarité envers les autres offices fédéraux qui s'engagent déjà fortement. De plus, Bibliomedia a demandé de manière ciblée un soutien pour la constitution d'un fonds de livres en ukrainien.
 
Claudia Kovalik, responsable de projet chez Bibliomedia, précise à ce sujet que, selon le contrat avec l'OFC, des livres en russe peuvent également être acquis en cas de demande correspondante. Bibliomedia Soleure dispose déjà d'un petit stock de littérature en russe, qui sera augmenté en fonction de la demande. Mais pour l'instant, les bibliothèques demandent presque exclusivement des livres en ukrainien.
 
La question se pose également de savoir pourquoi les personnes qui ont fui l'Ukraine sont traitées différemment des réfugiés d'autres pays. Tous les réfugiés ne devraient-ils pas être traités de la même manière ?
 
Ilena Spinedi, codirectrice d'Interbiblio, écrit à ce sujet dans la newsletter n° 04/2022: « Il y a donc un grand risque d'accroître les inégalités sociales, en faisant en sorte que des groupes de personnes d'origines différentes se sentent plus ou moins "bienvenus". Il ne s'agit pas de diminuer ce qui est fait en faveur de la population ukrainienne - une population qui vit malheureusement une guerre dramatique et qui doit être accueillie de la meilleure façon possible. Le soutien collectif est essentiel pour créer une cohésion sociale, mais il ne doit pas être limité à un groupe de personnes pour la simple raison que l'on s'"identifie" plus à ce groupe qu'à un autre, ou parce qu' "il·elle·s sont comme nous". (...) « Un exemple d'accueil réussi et sans distinction est celui des bibliothèques interculturelles, qui s'engagent depuis des années pour l’accueil, la participation et l’inclusion de toutes les personnes vivant en Suisse, sans distinction de groupes. »
 
Cette préoccupation est également partagée par Bibliomedia. Ainsi, par le passé, lorsque des flux importants de réfugiés sont arrivés en Suisse - par exemple suite à la guerre des Balkans - Bibliomedia a mis sur pied des projets dits de "Bienvenue".
 
Claudia Kovalik de Bibliomedia se souvient : « Pendant la guerre des Balkans, Bibliomedia Soleure a acheté de la littérature pour enfants, adolescents et adultes en serbo-croate (aujourd'hui divisé en serbe et croate) et en albanais. Nous avons constitué le fonds en arabe pour toutes les tranches d'âge (enfants/jeunes/adultes), car il y avait à l'époque un grand intérêt pour les livres en arabe. Les statistiques de prêt confirment que le besoin de ces langues (albanais, arabe, croate et serbe) existe toujours. A partir de 2015, Bibliomedia Soleure a constitué un fonds de livres avec du matériel d'enseignement des langues, des dictionnaires, des livres d'images bilingues et multilingues et de la littérature en kurde sorani, kurmançi, amharique, tigrinya, pachtou, persan (dari / farsi) et somali. Les anciens fonds "Bienvenue" ont été intégrés l'année dernière dans notre fonds normal. »

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