Les bibliothèques jurassiennes

Le canton du Jura est bien desservi par les bibliothèques depuis plusieurs décennies. Même si des bibliothèques de lecture publique existent depuis les années 1950, un élan nouveau apparaît au début des années 1970. En 1971, la Commission jurassienne pour les bibliothèques scolaires et populaires mandate Claude Stadelmann, étudiant, pour mener une enquête sur la situation des bibliothèques dans le Jura et le Jura bernois. Ce rapport démontre un manque de personnel qualifié, des collections en mauvais état, des heures d’ouvertures insuffisantes, ainsi que des locaux médiocres. La Commission jurassienne pour les bibliothèques scolaires et populaires élabore une série de recommandations pour améliorer la situation.

En 1982, Chantal Calpe, dans sa conférence sur les bibliothèques du canton du Jura[1], donnée à l’assemblée générale de l’Association des bibliothécaires suisses à Delémont, fait un état des lieux de la situation et se réjouit de l’essor des bibliothèques dans le canton.
La même année et faisant suite à l’entrée en souveraineté du Canton du Jura le 1^er janvier 1979, la Bibliothèque cantonale jurassienne (BiCJ) est créée. Elle assume dès lors deux missions : elle est le lieu de constitution et de mise en valeur du patrimoine intellectuel jurassien et un centre d'étude et de culture générale.

Le 1^er janvier 1988 entre en vigueur l' « Ordonnance concernant les bibliothèques et la promotion de la lecture publique du 27 octobre 1987 » [2] (ci-après l’Ordonnance). Les lignes directrices de la politique suivie en ce domaine s’articulent autour de la création dans le canton d’un réseau de bibliothèques. L’Ordonnance mentionne que la Bibliothèque cantonale jurassienne préside la Commission des bibliothèques jurassiennes. Les buts de cette commission sont, entre autre, d’améliorer le bon fonctionnement des institutions existantes et d’intensifier la coopération à tous les niveaux[3].
 
Les prémices d’un projet de réseau informatique des bibliothèques datent du début de l’année 1988 avec la mise en place du système BASIS de gestion informatique pour les bibliothèques de l’État jurassien, chapeautée par la BiCJ. C’est le début du Réseau jurassien des bibliothèques. A ce moment-là, chaque bibliothèque adopte un système informatique en fonction de ses spécificités, mais une réflexion commune est menée et on tente d’harmoniser les techniques bibliothéconomiques. L’idée d’adhérer à un réseau plus vaste, comme RERO, est étudié dès le début des années 1990. Créé en 1985 de la volonté de coopération de plusieurs grandes bibliothèques romandes, RERO est, à l’époque, le plus grand réseau de bibliothèques de Suisse occidentale.
Les coûts importants sont un frein à la réalisation de ce projet. L’évolution des nouvelles technologies permet cependant de mettre en place le « Catalogue collectif virtuel des bibliothèques jurassiennes » en 2001. C’est un pas majeur accompli dans l’amélioration du service au public. Et pour les bibliothécaires, c’est l’occasion de relancer la question de l’adhésion à un réseau et un argument supplémentaire qui permet de convaincre les autorités de la nécessité de renforcer la collaboration entre les institutions. C’est ainsi qu’en 2003, le canton du Jura rejoint le « Réseau romand des bibliothèques occidentales » (RERO) en s’associant au Réseau cantonal des bibliothèques neuchâteloises qui devient le « Réseau des bibliothèques neuchâteloises et jurassiennes » (RBNJ). Toutes les bibliothèques sous la juridiction de l’État sont concernées, à savoir, la Bibliothèque cantonale jurassienne, la bibliothèque des tribunaux cantonaux, la médiathèque du Lycée cantonal, celle de l’École de culture générale et de l’École des métiers de la santé et du social ainsi que celle de l’École de commerce et les bibliothèques spécifiques des services étatiques. Elles ont été suivies par la bibliothèque des Archives de l’ancien évêché de Bâle (2005), la bibliothèque de la Fondation rurale interjurassienne (2009), la Bibliothèque municipale de Delémont (2010), la médiathèque du Collège de Delémont (2012) et la bibliothèque du collège Saint-Charles (2014).
En 2021, le système RERO a été dissous. De nouveaux réseaux ont vu le jour suite à ce changement. Le canton de Vaud, qui avait déjà quitté RERO en 2016, a opté pour la création de son propre réseau cantonal RenouVaud. Les bibliothèques universitaires, scientifiques et des hautes écoles se sont regroupées autour d’une nouvelle plateforme appelée Swisslibrary service plateform (SLSP), et les bibliothèques de lecture publique, scolaires et spécialisées ont rejoint la fondation RERO+. Les bibliothèques jurassiennes en font partie. Pour le canton du Jura, il n’était pas question de dissoudre un réseau existant depuis près de 20 ans. Et bien que deux institutions de lecture publique n’en fasse pas partie, la volonté a toujours été d’avoir un réseau cantonal des bibliothèques dont la coordination est assurée par la Bibliothèque cantonale jurassienne. Par ailleurs, l’intérêt pour le travail en réseau s’est élargi en 2022 avec la venue de la Bibliothèque communale et scolaire du Noirmont. D’autres bibliothèques scolaires rejoindront le réseau ces prochaines années.

Actuellement, la majorité des bibliothèques jurassiennes sont donc rattachées au même réseau et utilisent le même logiciel RERO ILS. Elles sont également rattachées au RBNJ. Elles partagent entre autre le catalogue, le fichier des lecteurs, des ressources électroniques, ainsi que la coordination du système au niveau technique et bibliothéconomique. Pour les professionnels, c’est un gain de temps et d’argent. Pour le public, c’est un réel avantage d’avoir un point d’accès commun aux ressources de près de 60 bibliothèques. Pour les bibliothèques des cantons du Jura et de Neuchâtel, les ouvrages circulent gratuitement entre les différentes institutions grâce à un système de navettes.

Le financement des bibliothèques est pris en charge par les autorités de tutelle. Dans le canton du Jura, les sources de financement sont multiples. Le canton finance les bibliothèques de l’État, les communes ou communautés de communes financent les bibliothèques de lecture publique et scolaire, les fondations financent les bibliothèques qui les concernent. De plus, l’État octroie une subvention aux bibliothèques publiques qui jouent un rôle de bibliothèque scolaire, ainsi qu’aux bibliothèques scolaires se trouvant dans les cercles scolaires.
Les bibliothèques jurassiennes ont connu un beau développement au fil des 50 dernières années. De plus, grâce aussi aux services du Bibliobus, la population peut accéder à une bibliothèque à moins de 15 minutes de son domicile.

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