Dans leurs collections destinées au jeune public, de nombreuses bibliothèques proposent non seulement des catégories thématiques telles que « Aventure », mais aussi des livres « pour filles » et « pour garçons », ceci souvent dans l'intention de présenter aux deux sexes des lectures correspondant à leurs intérêts. Mais est-ce que cela est adéquat ? Non, dit Milena Eberhard de la bibliothèque d'Uster, qui a examiné ce sujet dans le cadre de son mémoire de master.
Afin d'étudier le comportement de prêt du jeune public, la Bibliothèque d’Uster a racheté 95 livres auparavant classés dans les catégories « pour filles » et « pour garçons ». Ces livres nouvellement achetés ont été présentés sans étiquettes correspondantes et en dehors des secteurs respectifs. Pendant huit mois, le nombre de prêts a été enregistré puis évalué.
Des résultats qui ne laissent aucun doute
Une comparaison des chiffres des prêts a montré les points suivants : Alors que les livres étiquetés « Filles » ou « Garçons » n'ont été empruntés par le sexe opposé que dans 2 % des cas, sous les nouvelles conditions, les jeunes lectrices et lecteurs ont opté 20% de plus pour un livre « atypique ». Cela montre que les jeunes lectrices et lecteurs sont également intéressés par des livres soi-disant inadaptés si ceux-ci ne sont pas explicitement affectés au sexe opposé. La tendance observée au niveau des chiffres suggère également que l'effet aurait probablement été plus marqué si l'expérience avait duré plus longtemps et si le nombre de livres nouvellement achetés avait été plus important.
Suite à ces observations, la Bibliothèque Uster a décidé de supprimer les catégories « Filles » et « Garçons » et de classer les livres concernés dans les diverses sections thématiques.
Une autre problématique liée aux livres « pour filles » et « pour garçons »
Les jeunes lectrices et lecteurs acquièrent une part importante de leur expérience à travers les livres. Plus ils y rencontrent de diversité, plus leur vision du monde peut devenir diversifiée et différenciée. Une institution publique ne doit pas contribuer à propager des stéréotypes obsolètes par rapport au comportement des sexes. Les résultats montrent que les éditeurs, les librairies et les bibliothèques influencent les lectrices et lecteurs lorsqu'ils classent certains livres comme typiquement féminins ou typiquement masculins.
Milena Eberhard, Bibliothèque Uster
(Source: Books for boys only! Article en langue allemande, paru dans la newsletter 09/2020 de Service aux bibliothèques du canton de Zurich – Fachstelle Bibliotheken des Kantons ZH.) |
Traduction G. Hammel